« Et si vous étiez un jumeau né seul ? » – avec Florent Dechoz
Derniers articles
janvier 27, 2021
La perte gémellaire intra-utérine est un sujet encore peu pris en compte dans ses impacts. C’est un sujet de recherche et d’exploration, sur lequel les connaissances ne sont pas encore stabilisées. Florent Dechoz y travaille depuis plus de 20 ans … Dans son dernier livre, il fait part de ses découvertes. Écoutez ici la présentation de son livre.

Le livre de Florent Dechoz « Et si vous étiez un jumeau né seul ? Deux cœurs pour une vie. Souffrance et guérison par la voie chamanique. » (Editions Quintessence) vient de sortir début 2021. Florent devait venir le présenter en Belgique début février, mais cela ne sera pas possible. Par contre, vous pouvez l’entendre ici présenter son livre.
Le son étant à certains moments hachuré, j’ai retranscris aussi sous la vidéo une bonne partie de la présentation, afin que vous puissiez suivre l’entièreté.
Florent Dechoz est un ancien kiné, il a travaillé comme ostéopathe, acupuncteur, magnétiseur et enseignant. Il enseigne actuellement à l’Institut Arc en Ciel, l’art du soin et de la guérison avec l’approche psycho-thérapeutique ainsi que la transmission essénienne et les transmissions chamaniques.
Florent – « Je travaille sur le sujet de la perte gémellaire intra-utérine depuis les années 2000-2001. C’est un sujet assez ancien pour moi, qui a donné lieu à beaucoup de recherches, beaucoup d’exploration pour moi, puisque je suis concerné. »
Séverine – « Cela fait déjà 20 ans que tu travailles là-dessus. Et en même temps c’est un sujet qui est assez récent pour beaucoup de monde. Aujourd’hui, j’entends aussi pas mal de monde autour de moi qui en parle, et certains se demandent pourquoi il y a autant de personnes qui parlent d’un jumeau qui serait décédé dans le ventre : est-ce qu’il ne s’agirait pas là d’élucubration ? »
Florent – « La première mise en symposium d’un cas avéré avec échographie date des années 1980. Il y a eu beaucoup de recherche en Allemagne, sur Berlin, par des équipes obstétriciennes, gynécologiques qui travaillent précisément sur ce sujet-là avec beaucoup de passion. On suppose actuellement entre 15 et 40 % de grossesses gémellaires, en tous les cas en Europe, dans ce qu’ils étudient. Ça veut dire que ça concerne beaucoup de gens.
Et c’est un sujet qui passe évidemment complètement inaperçu parce que la plupart des grossesses gémellaires disparaissent dans les premières semaines de grossesse et sont donc invisibles.
Dans les cas où on peut le repérer, ce sont des saignements en tout début de grossesse, des pertes de sang sans qu’il y ait identification qu’il a une perte d’embryon, évidemment.
Après, il y a des cas de perte gémellaire beaucoup plus tardivement, c’est à dire au moment où il y a une échographie. En France (et en Belgique aussi), c’est à partir du 3è mois qu’a lieu la première échographie officielle. Mais donc en 3 mois, il y a le temps qu’il se passe beaucoup d’autres choses dans la vie intra-utérine.
Par rapport au mot « élucubration », c’est un peu compliqué. Parce que toutes les souffrances qu’impliquent une perte gémellaire intra-utérine, les impacts rentrent toujours dans des grilles « psy » d’autres tableaux cliniques, qui recouvrent la problématique gémellaire. C’est pour ça que c’est une exploration personnelle intime, souvent pour des gens qui ont déjà fait pas mal de parcours thérapeutique, et qui suivent cette piste de recherche pour explorer à l’intérieur de leur système.
Pour moi, une exploration importante, en général, c’est l’émotionnalité. En général, quand on parle du sujet, quand les gens écoutent une vidéo, quand les gens lisent quelque chose là-dessus… ça les touche énormément, j’ai envie de dire que ça les effondre assez radicalement intérieurement, de façon irrationnelle, en tous cas inhabituelle par rapport à ce qu’ils connaissent de leur mode de fonctionnement émotionnel en général. »
Séverine – « Il y a beaucoup d’impacts dans la vie d’une personne, à beaucoup de niveaux ? »
Florent – « Oui, effectivement, les impacts sont multiples. Et souvent, comme l’individu s’est construit avec ce mode d’emploi/de fonctionnement un peu particulier et très spécifique, devenu adulte, il y a une adaptation qui s’est faite. Et à part des phases qui secouent un peu, les gens arrivent quand même à être, pour la plupart, fonctionnels. Mais pas toujours… Les cas les plus délicats, c’est vraiment des endroits où ça devient dysfonctionnel.
Les impacts sont neurologiques, souvent on trouve beaucoup d’hypersensibilité au niveau des sens, notamment l’oreille. Il peut y avoir une sorte d’hyperacousie, certains sons qui sont insupportables, ou certains sons de voix… Il y a des aspects psychologiques… je ne peux pas tout énumérer tellement il y en aurait. Dans l’émotionnalité, souvent il y a une hypersensibilité. On peut la repérer très tôt chez les enfants. Mais chez les ex-enfants devenus adultes, souvent, pour s’adapter, il y a une sorte de couvercle qui s’est mis sur l’hypersensibilité pour survivre.
J’ai mis pas mal d’années, au fil de la thérapie mais aussi au fil de mon évolution spirituelle et de chercheur, à redécouvrir à l’intérieur combien j’étais hypersensible. Mais aussi combien cela avait été calfeutré, par exemple dans les violences scolaires que j’ai reçues, en tant que dyslexique, dysorthographique… À l’époque c’était la violence qui primait. Pour essayer d’arranger cela, il n’y avait pas du tout de prise en charge dans ma génération. Donc émotionnellement, retrouver l’hypersensible.
Aujourd’hui, avec les jeunes enfants, il y a souvent un diagnostic qui est posé, d’hypersensibilité, d’hyperactivité… Il y a une prise en compte du « psy » qui est quand même souvent aiguillée plus tôt. Mais c’est assez rare que la piste intra-utérine soit suivie, en tous les cas aujourd’hui. Et je pense que là, il y a vraiment des ponts à faire entre les disciplines.
Les impacts, dans la vie perso, c’est à tous les étages, à tous les endroits de sa vie. Que ce soit personnel ou dans le couple, dans le travail. »
Séverine – « À certains endroit, on peut retrouver, dans ce que tu décris comme tableau, ce qui est dit dans d’autres livres à propos des hauts potentiels ou des hypersensibles. »
Florent – « Chez les hauts potentiels, souvent je suis en alerte quand les gens se décrivent comme hauts potentiels complexes, hétérogènes. Il y a les hauts potentiels qui sont homogènes, à tous les niveaux et donc pour ceux-là, ce n’est pas très problématique. Par contre, les hauts potentiels hétérogènes, disharmonieux, ça me met tout de suis en étant d’alerte, on peut en tous cas rechercher.
Et avec l’hypersensibilité : il me semble qu’il y a très souvent quelque chose dans l’histoire intra-utérine. Très souvent, ce qui est important aussi, c’est qu’on le retrouve dans des familles un peu dysfonctionnelles, qui font comme elles peuvent, avec de l’hypersensibilité… »
Séverine – « Une difficulté qui est au centre du tableau, c’est toute la question de la séparation, de l’attachement… »
Florent – « C’est vraiment la thématique centrale. Il y en a plusieurs, mais c’est une des grosses thématiques. Pour la majorité des jumeaux nés seuls – mais ce n’est pas la totalité – toute séparation est une problématique douloureuse, qui met en péril l’émotionnalité et derrière, met en péril la neurologie, j’ai envie de dire. Ça peut amener des disjonctages directs, avec de gros effondrements, qui peuvent amener de véritables angoisses de mort.
Toute séparation va toucher le système émotionnel, neurologique, et peut amener des angoisses de mort, que les gens n’identifient pas parce que, assez facilement, ils ont trouvé depuis tout petits des modes d’adaptation pour éponger un peu la vague, le tsunami que déclenche cette séparation. Sachant que cette séparation, elle peut être amoureuse, ou en tant qu’ami… la séparation, ça peut être professionnel, après 5 ans, 10 ans dans une entreprise. Ça peut être une séparation avec les enfants, avec la famille – pour un jeune ado qui part faire ses études un peu loin du domicile, qui ne va pas revenir tout de suite… Ça peut mettre en chaos technique direct.
Et comme on voit avec l’actualité, s’il n’y a pas de réseau étudiant, de réseau relationnel qui peut se mettre en place chez les étudiants… Ça crée de gros états de crise en France, chez les étudiants de première année. J’imagine qu’en Belgique, c’est exactement pareil.
Donc le thème de la séparation est au centre. Très souvent, chez les jumeaux nés seuls, on retrouve des modèles d’adaptation relationnels avec des gens qui sont très fusionnels. Des fois, on ne s’en aperçoit pas, parce qu’on est fusionné tout petit avec un animal domestique, avec un frère, une sœur… on trouve des appuis de fusion. Et lorsqu’on quitte cette fusion, on s’aperçoit que, d’un seul coup, il y a quelque chose qui dérègle. Et la mécanique d’adaptation, c’est tout de suite de retrouver de la fusion avec autre chose. Et s’il n’y a pas une fusion humaine, sympathique, qui se présente, c’est des gens qui peuvent vraiment assez facilement fusionner avec des substances, avec l’addiction. Mais ça peut aussi être avec des écrans, avec des jeux… avec l’alcool, avec le chocolat, avec tout ce qui est oralité.
Et puis à l’inverse, chez certains jumeaux nés seuls, on va être vraiment dans une adaptation dans le refus de la fusion. Comme ça, moins je fusionne, moins je risque de mourir au cas où ça défusionnerait. On a ces deux cas de profil.
Dans mon expérience personnelle, les gens qui viennent me voir ou qui viennent en stage, très souvent ils ont un profil fusionnel. J’en ai peut-être un ou deux sur cent qui vont être des anti-fusionnels.
Et après, il y a des gens qui se sont très bien adaptés dans la non fusion, ni l’anti fusion. C’est-à-dire que ce sont des gens qui sont stables juste avec eux-mêmes. Je ne vais pas entre là dans le détail des profils, mais dans le livre, j’entre vraiment dans le décorticage de ces différentes adaptations. »
Séverine – « Est-ce que l’anti fusion, on pourrait dire que c’est une sorte d’évitement pour ne pas souffrir de tout ce qui pourrait ressembler à de la fusion ? »
Florent – « Il y a eu tellement d’expériences de fusion et de séparation après une fusion intense, d’expérience de « mort imminente » j’allais dire – ce ne sont pas des NDE, évidemment –, et de grandes douleurs qui pourrait amener des décompensations quasiment, avec des gens qui vont très très mal, que derrière, l’adaptation fait que je ne vais plus tomber amoureux, je ne vais avoir que des amis, et de nombreux amis. Par exemple, dans les modèles adaptatifs il y a des gens qui vont devenir poly-amoureux. On ne prend pas de risque, en étant polyamoureux, parce que dans le polyamour, s’il y en a un qui part, il y a des autres. Donc cela adoucit la peine de la séparation. Donc selon comment la personne fonctionne, il y en a certains qui vont choisir : plus d’amour et juste des amis, ou il y en a qui vont choisir le polyamour. Ce sont des modèles que j’ai pu observer… après, je ne dis pas non plus que tous les polyamoureux sont des jumeaux nés seuls. Ce serait de grands raccourcis.
Quelque chose d’important, c’est que tout ce que j’ai écrit dans le livre, et tout ce que je dis là, c’est un sujet récent. Donc on est dans une recherche. Rien n’est stabilisé encore dans nos connaissances actuelles. On est encore dans la découverte, on est encore dans une exploration. Je pense que la lumière des neurosciences vont faire beaucoup évoluer tout cela. Et je ne suis pas le seul à m’occuper de ce sujet-là. On est vraiment dans des recherches. Et dans le livre, je le dis tout de suite : il n’y a pas de certitude arrêtée, on est vraiment dans une exploration. Donc c’est vraiment beaucoup d’humilité.
Après, pour moi, la clé importante – et c’est une piste de chercheur aussi – c’est de trouver ce qui marche pour soi. Un peu comme en médecine, on peut avoir un très beau langage et de très belles idées intellectuelle, mais concrètement et pragmatiquement, une piste thérapeutique, elle marche ou elle ne marche pas. Dans mon histoire perso, j’ai beaucoup testé et essayé des trucs… et puis au bout du compte, ça ne marchait pas. C’est pour ça que j’ai testé beaucoup d’autres pistes, d’abord pour m’améliorer moi, perso, très égoïstement au départ. Et après, ce qui a fonctionné pour moi, j’ai essayé de l’appliquer à une personne, des amis ou des proches qui avaient cette sensibilité et ce syndrome. Et ils ont vu que ça changeait quelque chose aussi dans leur vie, dans leur mode relationnel avec eux-mêmes et avec l’autre.
Et petit à petit, j’ai proposé un stage pratique de 3 jours. On voit que ça ce ne se fait pas en trois jours, mais au moins, il y a des avancées significatives, un apaisement du système nerveux, du système émotionnel. Tout n’est pas gagné, mais quelque chose a vraiment progressé. »
Séverine – « Les 3 jours de stage, ce sont 3 jours que tu as mis au point et que tu donnes, avec d’autres personnes, sur cette problématique-là. Ce qui me touche aussi, dans ce que tu partages, et autour du thème de la séparation, c’est qu’il y a eu une séparation au stade de l’embryon ou du fœtus, et qui marque d’une empreinte. Personnellement, j’ai beaucoup travaillé sur les troubles de l’attachement, les premières années après la naissance, mais à un moment on peut se rendre compte qu’il y a une empreinte qui est déjà là avant. Et que c’est là qu’il peut y avoir un point aveugel qui échappe à la thérapie. »
Florent – « Sur le thème de la séparation, quand les gens font un burn out, une dépression, et qu’on leur demande : « quand est-ce que vous avez commencé à être dépressif ? » Très souvent, on la retrouve très tôt, dans la petite enfance. Alors parfois, il y a des histoires familiales terribles, où on peut comprendre qu’il y a un état dépressif, après des traumatismes de vie familiaux ou qui ont impacté le jeune enfant. Mais parfois il y a un espère de blanc d’histoire… il n’y a pas d’histoire… et les gens disent : mais je ne comprends pas, j’allais déjà mal alors que ma famille allait bien. Et là, vraiment, cela peut attirer l’exploration sur la période intra-utérine.
Ensuite, il y a un grand thème important : c’est le thème de « trouver sa place ». Le thème de la place, d’assumer sa place, sa place dans la famille, dans la fratrie, c’est quelque chose qu’on retrouve dans les soins, en thérapie… c’est quelque chose de très récurrent, et qui a évidemment aussi plein de racines, d’origines et étiologies différentes. Ça peut aussi être le thème professionnel de trouver sa place.
Mais quand on fouille un peu, les gens arrivent à sentir que leur vie est illégitime. Il y a une sorte d’illégitimisation interne, profondément très intime : « ma vie n’a pas de sens », » ma vie n’est pas légitime » ou « mon incarnation n’est pas légitime ».
Quand on identifie cela dans son être intime profond, il y a vraiment quelque chose à aller explorer autour de la période intra-utérine.
Souvent les gens ont fait des explorations de rebirthing, d’états de conscience modifiés/amplifiés, autour de la naissance. Et ça vaut vraiment le coup d’aller jusque avant, pendant la période intra-utérine. C’est compliqué parce qu’on a pas de mémoire, on a juste une mémoire corporelle, on a un système nerveux qui est fragile, et ce n’est pas facile, cette exploration. »
Séverine – « Parfois, les personnes qui vivent avec ce sentiment de fond que leur vie est illégitime ne s’en rendent pas compte, car elles ont toujours vécu avec ça et pour elles, c’est normal. »
Florent – « Oui. Souvent il y a un petit mantra de fond qui tourne, c’est : « j’ai pas de sens » et « à quoi bon me lever le matin ? » Ce qu’on peut évidemment mettre en parallèle avec un fond dépressif. Mais quand il y a une perte de sens, une perte d’audace, d’enthousiasme à vivre, ça reflète vraiment un effondrement. Après, ça reste toujours une exploration, car il y a tellement de traumatismes dans la vie qui peuvent faire arriver à cet endroit-là, où les gens sont aigris, tout simplement.
Je voudrais revenir sur un endroit : on parle beaucoup de la pathologie, mais qui pour moi est un endroit d’émerveillement et qui a été vraiment une source d’inspiration : c’est que les jumeaux nés seuls – et quand je dis jumeau, entendez toujours jumeau/jumelle – ont souvent une sensibilité qui va de pair avec une forte capacité d’intuition. Pour eux, ça peut paraître normal, mais tout le monde n’a pas autant d’intuition que ça. Et quand on reconnaît son intuition, ça peut mettre en contact avec beaucoup d’inspiration créatrice. Après, il faut trouver son vecteur d’intuition créatrice, la force de créativité. Et à travers cette force d’intuition et de créativité, il y a une facilité chez les jumeaux nés seuls à être des gens spirituellement connectés. Et très souvent – et ça a été mon parcours à moi – c’est des gens qui vont avoir une forte capacité de guérisseur/guérisseuse.
Ils ont cette approche facile de prendre soin de l’autre, parfois au risque de s’y perdre, notamment dans le couple. Et c’est la grande thématique du sauveur. Mais si c’est équilibré, harmonisé et mis dans le travail thérapeutique d’accompagnement, ça donne vraiment des gens qui sont à la fois sensibles, inspirés dans les soins, empathiques… et s’ils ont vraiment travaillé leur dimension d’être spirituel, il peuvent devenir des guérisseurs de haute qualité.
La plupart de ceux qui s’engagent sur le programme de trois ans à l’Institut Arc en Ciel ont une perte gémellaire intra-utérine, soit qu’ils ont travaillée, soit qui est en cours de travail. C’est un pont que je remarque très bien d’ici. Ça oblige, un peu comme la parabole du Christ, à dire : « Guérisseur, guéris-toi d’abord toi-même ». Parce qu’il y a un chemin de retournement de travail intérieur, d’exploration, qui est très difficile, très délicat, souvent très douloureux, et il faut être un peu courageux, audacieux pour oser cet endroit-là. Parce que ça vient toucher l’intime de l’âme, l’intime de l’être, l’intime spirituel.
L’intimité spirituelle est, pour moi, personnellement, plus intime que l’intimité génétique. Parce que pour moi, il n’y a pas plus intime que la spiritualité. Et chez les jumeaux nés seuls, il y a quelque chose de très délicat à cet endroit là.
C’est un trouble qui s’accompagne toujours avec le plus de finesse, de douceur… on ne peut pas révéler qui l’on est, en tant que jumeau né seul, par un accouchement aux forceps. »
Séverine – « C’est un parcours qui se fait avec douceur. Et dans les stages proposés, et dans ton livre aussi, quand tu parles de la voie chamanique, cela se fait avec douceur. Ce n’est pas la voie chamanique avec de l’Ayahuasca… »
Florent – « Absolument. Pour moi, la voie de la médecine qui opère le plus c’est : on descend doucement dans son intériorité, avec délicatesse, et on prend du temps parce que les réponses viennent de l’intérieur. Parfois on peut commencer à chercher les réponses de l’extérieur, et c’est quelque chose qui peut être très ambivalent parce qu’au bout d’un moment, on donne son pouvoir à l’extérieur. Et ce qui pour moi est une voie majeur d’évolution, c’est petit à petit de découvrir qui l’on est par l’intérieur, mais par une descente lente à l’intérieur. C’est presque comme de l’apnée dans les grandes profondeurs. Il faut y aller strate après strate. Et laisser le temps d’intégration se faire, de digestion, pour que la force spirituelle puisse donner ses cadeaux au fur et à mesure.
Séverine – « C’est tout un chemin pour aller aussi chercher la richesse qui est là. Tu parles aussi du lien avec les mondes invisibles, finalement. Et à ce propos, tu évoques aussi parfois le thème de l’ami imaginaire, chez les enfants… »
Florent – « J’en parle aussi dans le livre. En général, avant 5-6 ans – avant ce moment qu’on appelle « l’âge de raison » et qui peut faire perdre cette compétence – il y a la grande thématique, en psychologie de l’enfant, de l’ami imaginaire. Pour moi, dans mes perceptions – et pour avoir accompagné un certain nombre de fois, soit les parents, soit les enfants – en fait, ce n’est pas imaginaire. Il voit l’invisible. Les adultes ont perdu pour la plupart la compétence de voir l’invisible, ce qu’on appelle des entités, une fréquence que les enfants ont la capacité de voir quand ils sont tout petits. On peut dire : oui, il est dans ses rêveries, il est dans son imaginaire.
Mais la réalité du monde ordinaire de l’adulte et la réalité du monde extraordinaire comme on en parle dans le chamanisme, chez l’enfant, elles sont très proches l’une de l’autre, elles sont très collées. Après l’âge de raison ce sont souvent deux mondes qui se séparent. Les états de transe – et je n’utilise que le tambour pour cela – permettent de recoller, de ré aimanter ces deux mondes de la réalité ordinaire et de la réalité extraordinaire du monde chamanique.
Retrouver de la communication, de la stabilité entre le monde de l’invisible et le monde de la réalité invisible, c’est souvent, pour les adultes que j’accompagne et reçois en stage, une source de joie de rouvrir ce canal. Et personnellement, la voie chamanique a été vraiment une marche très très précieuse dans mon évolution personnelle, intime, spirituelle.
Souvent, les jumeaux nés seuls ont naturellement beaucoup d’empathie – ça va avec l’hypersensibilité – et ils sont les champions du monde de la résilience. Ce qui amène des fois des choses complexes dans sa vie. Parce que quand on est champion du monde de la résilience, on se remet tellement en cause, qu’on peut se retrouver dans des situations où on est sûr que l’autre a raison et que c’est soi qui n’allait pas. Et donc ça peut donner beaucoup de souffrance dans les couples, dans le professionnel : on tient, on tient, on tient… Jusqu’à une forme d’épuisement, et cela qui peut donner des burn out, ou même de suicides, j’ai envie de dire, des passages à l’acte dramatiques dans la vie de couple.
Je tiens à le mentionner aussi, dans les endroits de maltraitance, parce qu’avec ce qu’on vit aujourd’hui, avec l’actualité COVID, pour moi il y a ça qui est touché aussi. Collectivement on tient, on tient, jusqu’au moment où on ne tient plus… et il peut y avoir un effondrement dans l’être qui se retrouve trop enfermé. Je ne sais pas où cela en est en Belgique, mais en France on évoque l’hypothèse d’un troisième confinement. Moi j’invite vraiment les gens à ne pas trop se confiner, parce que c’est vraiment un drame intérieur terrible. On ne peut pas se museler spirituellement, parce que cela amène à un moment donné un choc et un élimage spirituel qui fait qu’à un moment donné ça tue l’être à l’intérieur… c’est contre-productif et anti-vie. Il vaut mieux être infecté par le virus qui passe, le soigner ou faire de la prévention. Mais se laisser enfermer intérieurement, spirituellement, c’est terrible. C’est un drame humanitaire, dans notre humanitude d’êtres spirituels. »
Séverine – « C’est aussi le moment de développer sa créativité pour trouver comment continuer à sortir, autrement qu’avant, mais continuer à respirer. »
Et je vous invite à aller écouter les réponses aux questions posées en direct dans la vidéo, à la minute 38.
Si vous voulez lire le livre de Florent« Et si vous étiez un jumeau né seul ? Deux cœurs pour une vie. Souffrance et guérison par la voie chamanique. » (Éditions Quintessence), il peut se trouver facilement.
Les Éditions Quintessence sont situées à Toulouse, et il est possible de commander le livre via leur site. Vous pouvez aussi aller chez un libraire si c’est possible pour vous par les temps qui courent. Ou le commander en ligne via différents canaux.
Retranscription par Séverine Dourson.